L'Etoile

2014

L’ÉTOILE

opéra-bouffe en trois actes

d'Emmanuel CHABRIER

Mise en scène : Renaud BOUTIN

Chœur et solistes du Groupe Lyrique

ORCHESTRE BERNARD THOMAS

Direction : Laurent ZAÏK


en partenariat avec La Société Littéraire

Matériel d'orchestre : Bärenreiter Verlag - Kassel - Basel - London - New-York - Praha


Pianistes-chefs de chant : Karl BARAQUIN et Yves MEIERHANS

Assistante mise en scène : Valérie LOUYS

Régie générale et création lumière : Pierre DAUBIGNY

Scénographie : Candice MOISE

Costumes : Cécilia DELESTRE assistée de Camille TESTA

Affiche : Mathilde LAURENT


Renaud BOUTIN parle de l'Etoile dans l'émission "Ouvert la Nuit" sur France Inter

cliquez ici pour réécouter l'émission


Distribution

Lazuli, jeune colporteur : Marie-Pierre LAURENT mezzo

La princesse Laoula, fille du roi Mataquin : Blandine CORNE soprane

Ouf 1er, Roi des Trente-Six Royaumes : Loïc GUIGNOT ténor

Hérisson de Porc Epic, ambassadeur du roi Mataquin : Alain GIRON ténor

Siroco, astrologue du roi Ouf : Yann BRETT basse

Aloès, épouse de Hérisson : Michèle PLOCOSTE mezzo

Tapioca, secrétaire de Hérisson : Laurent DUTHIL baryton

Patacha, citoyen des Trente-Six Royaumes : James GODET ténor

Zalzal, un autre citoyen des Trente Six Royaumes : Bernard ZAKIA basse

Oasis, Youka, Asphodèle, Zinnia, Adza, Koukouli, bayadères à la cour du roi Ouf :

Loredana BERNARDINI soprane

Sophie CASASNOVAS mezzo

Roopa CHAUHAN soprane

Fabienne LALISSE mezzo

Marta PRAT-ALDRICH soprane

Catherine SIMON-VERMOT mezzo

Le peuple des Trente-Six Royaumes :

    • SOPRANES : Loredana BERNARDINI, Viviane CAMPANA, Roopa CHAUHAN, Muriel COMTE, Christine GIBERT, Nora KETIR, Marta PRAT-ALDRICH, Myriam THUILLIER, Danielle TOURRIER, Lucrèce VICENTE
    • MEZZOS : Sophie CASASNOVAS, Fabienne LALISSE, Michèle MEDRINAL, Catherine SIMON-VERMOT
    • TENORS : James GODET, Didier LOZE, Emmanuel RUTH, Claude TEYSSEDRE
    • BASSES : Daniel FAURE, Patrick LOMADZE, Jean-Michel VOIRON, Bernard ZAKIA

Les musiciens de l'orchestre Bernard Thomas :

    • VIOLONS 1 : Stéphane RULLIERE, Jean-Luc BORSARELLO, Huguette MALAQUIN, Safia GOLOBOFF, Pauline MAILLARD
    • VIOLONS 2 : Philippe MAZEAU, Liliana MANU, Boris CACCIAGUERRA
    • ALTOS : Caroline GALLOIS, Arnaud LIMONAIRE
    • VIOLONCELLES : Thalie BONVALLET, Raymond MAILLARD
    • CONTREBASSES : Frédérick FRAYSSE
    • FLÛTES : Frédéric HOCHAIN, Patrick DESREUMAUX
    • HAUTBOIS : Baptiste GIBIER
    • CLARINETTES : Pascal MONTBESSOUS, Marie FALLION
    • BASSON : Brice MARTIN
    • CORS : Jean-Michel TAVERNIER, Mathilde FEVRE
    • TROMPETTES : Adrien RAMON, Vincent PORTILLA
    • TROMBONE : Maxime DELATTRE
    • PERCUSSIONS : Yves BALAGUER, Marcel HAMON

Cliquez ici pour feuilleter le programme du spectacle !


L'histoire :

Dans le ciel mystérieux des Trente-Six Royaumes, une étoile brille. C'est la petite étoile du destin...Chaque année, à l'occasion de son anniversaire, Ouf 1er, roi capricieux et malheureux, aime à offrir à son peuple la réjouissance d'une exécution publique par empalement. Mais cette année, grosse inquiétude du souverain : il n'a trouvé personne à condamner...

Lazuli, un modeste colporteur de passage dans le royaume, croise la princesse Laoula qui est conduite incognito à la cour du roi Ouf par le diplomate Hérisson et sa femme Aloès. Dès le premier regard, Lazuli et Laoula s'éprennent l'un de l'autre. Mais le colporteur gifle le roi par inadvertance et se retrouve condamné à mort. Au moment de subir le supplice du Pal,l'astrologue Siroco révèle que les étoiles du colporteur et du souverain sont liées : si Lazuli meurt, Ouf le suivra dans la tombe.

Renversement de situation : le roi décide alors d'élever le colporteur au rang de prince héritier !


Chabrier offre une nouvelle dimension au spectacle divertissant qu'est l'opéra-bouffe. L’Étoile est un joyau facétieux et singulier dont vous connaissez peut-être deux airs : "La Romance à l’Étoile" et le célèbre "Duo de la Chartreuse Verte".

La drôlerie et le délire poétique du livret auquel a participé Verlaine (auteur des paroles des "Couplets du Pal" et de "La Romance à l’Étoile") rencontrent la parure musicale raffinée et audacieuse du compositeur : la musique de Chabrier annonce déjà le raffinement des Impressionnistes, de Ravel à Debussy.

Ce magnifique opéra-bouffe est porté par la vision poétique de la mise en scène de Renaud Boutin.

Nous espérons que vous serez nombreux à venir nous retrouver pour ces trois beaux rendez-vous et goûter l'esprit de La Chartreuse Verte inspiratrice de cette Étoile !

Note d'intention du metteur en scène :

Parler de poésie, de légèreté et de fantaisie semble presque convenu à propos de Chabrier, tant L’Étoile se réapproprie, tout en les renouvelant, les codes et les conventions de l'opérette française. Ainsi, alors que le livret nous plonge d'emblée dans un délicieux exotisme de fantaisie, relativement conventionnel avant même Offenbach, il est remarquable qu'à aucun moment Chabrier ne cède à la facilité d'illustrer musicalement cet orientalisme, préférant une douceur rêveuse et ouatée qui évoque bien davantage les univers verlainien, fauréen voir debussyste. Chabrier appartient alors à la jeune garde desmodernistes, admirateurs de Wagner et des Impressionnistes et c'est bien cette modernité de la partition qui dérouta tant d'auditeurs à la création.

Scéniquement, cet univers plein d'humour subtil et de légèreté scintillante ne doit pas cacher la tragédie des rêves inassouvis, qui point parfois au loin - toujours discrète : de même que, derrière les bergamasques des Fêtes Galantes, on entend déjà la plainte inquiète des "molles ombres bleues", ainsi derrière les aspects comiques de l’œuvre, derrière l'atmosphère rêveuse d'une Belle-Époque naissante, point l'inquiétude grinçante du Grand Guignol. Les Trente-Six-Royaumes, avec son tyran de pacotille, avec son peuple surveillé, ne sont-ils pas une image de cette nouvelle société industrielle et bourgeoise qui triomphe sur les cendres encore fumantes des utopies de la Commune ? C'est ainsi qu'on peut comprendre l'humour noir de l'épisode du Pal - "fécond en délices", dans le texte verlainien d'origine - mais aussi plus globalement cette hésitation longtemps prolongée entre le rire et le tragique, qui fait jouer les nerfs du public frémissant.

C'est là toute la modernité d'une œuvre qui, sous ses couleurs vaguement impressionnistes, annonce déjà les Fauves, Jarry et même bientôt DADA. Il nous a donc semblé plus riche d'explorer l'esthétique symboliste et "fin-de-siècle" des pantomimes des années 1870-1880, cette époque où Pierrots, Colombines et Arlequins se noient dans les reflets saturniens de l'absinthe (la Chartreuse verte), sous les lampes du Chat Noir à Montmartre...

Évidemment - suprême délicatesse française et convention du genre oblige - jamais le tragique ne s'exprimera crûment ni directement : c'est donc encore une fois dans la recherche d'un certain surréalisme poétique, en faisant appel à la distanciation du clown et à de fortes lignes visuelles tirées de la peinture que nous chercheront à mettre en scène la poésie de ce chef-d’œuvre qu'est L’Étoile !

Renaud BOUTIN



Le compositeur:

Emmanuel Chabrier (1841-1894) reste, pour le grand public, surtout connu pour :

  • España (1883) qui fut dans sa carrière le premier succès important, reconnaissant le talent d'un compositeur original, absolument fasciné par la force suggestive de l'orchestre de Wagner. Pourtant, il y eut auparavant, L'Etoile, pur joyau lyrique, dans le genre de l'opéra-comique, créé par un compositeur de 36 ans, le 28 novembre 1877 aux Bouffes Parisiens dont Jacques Offenbach est alors directeur.
  • D'Indy voyait dans l'Etoile une partition aussi réussie et raffinée que Le Barbier de Séville de Rossini. Et Reynaldo Hahn en 1937, la considérait comme bien supérieure par son éclat poétique et sa séduction mélodique aux ouvrages d'Offenbach, c'est peu dire. "cette perle fine de l'opérette française où la bouffonnerie et la verve poétique d'un autre Offenbach s'enveloppent et se parent d'une grâce, d'une élégance, d'une richesse musicale dont le génie de ce dernier n'a jamais eu le souci ni même le soupçon »
  • En vérité qu'avons-nous ? Une œuvre exemplaire qui allie la poésie et la légèreté mais aussi le délire et la subversion. Chabrier, ce "petit gars d'Auvergne, trapu et râblé" a en vérité bien des choses à dire, dans l'exquise dérision et l'audace les plus improbables. Le compositeur y renverse conventions et usages, ailleurs strictement décoratifs, rejoignant dans ce seul ouvrage, les meilleures actions d'Offenbach dont la finesse et le mordant dérangent le bon bourgeois. Ici, la fantaisie fantastique des personnages, véritable bestiaire de types psychologiques, comme le bestiaire de l'époque médiévale (pas moins de 15 individualités aux noms déjantés), le dispute au surréalisme des situations...


Renaud BOUTIN

Metteur en scène

Après des études de Lettres Classiques qui l'ont mené jusqu'à l'agrégation, Renaud Boutin débute sa formation théâtrale au Conservatoire du 19ème arr. (classe de Michel Armin), puis à l'Ecole Supérieure d'Art dramatique de Paris (ESAD/CNR) où il travaille sous la direction de Jean-Claude Cotillard, Sophie Loucachevsky (sur des textes d'Eugène Durif), Marc Enotte (sur Lagarce), Nicolas Bouchaud (sur Marivaux), Christophe Paty (jeu masqué), Michel Didym, etc. Il a par ailleurs suivi une formation de chant lyrique au Conservatoire du Centre de Paris (classe de Sonia Nigoghossian et Sophie Teulon), puis au CRD d'Issy-les-Moulineaux (classe de Daniel Petrovitch) où il obtient un 1er Prix à l'unanimité.

Il a participé à plusieurs productions lyriques (Les Contes d'Hoffmann, La Vie parisienne, Le Financier et le Savetier d'Offenbach, La Flûte Enchantée de Mozart, Les Aventures du Roi Pausole d'Honneger, La Chauve-Souris de Strauss, Le Docteur Miracle de Bizet), concerts d'extraits d'opéra (récemment Pelléas et Mélisande de Debussy ; régulièrement avec le groupe Deadly Love) et récitals de mélodies/lieder qu'il affectionne particulièrement. Son éclectisme l'amène du baroque (concerts avec l'ensemble Les Monts du Reuil) au contemporain (création du Monstre, composé par Emmanuel d'Orlando, au Théâtre du Rond-Point).

Au Théâtre des Loges, il a joué sous la direction de Michel Mourterot le rôle d'Octave des Caprices de Marianne. A Clamart, il joue le rôle de Banquo, dans Macbeth de Shakespeare. Depuis 2006, il fait partie du Collectif le Foyer au sein duquel il a joué et mis en scène plusieurs spectacles (Histoire du Soldat de Stravinsky, Electre d'Euripide, Nica's Dream sur le jazz, etc.).

Parallèlement, il met en scène La Fiancée du Scaphandrier, opérette de Claude Terrasse avec le Groupe Lyrique ; Rita, opéra comique de Donizetti; Amours/Fragments, autour de Mozart et des Fragments d'un discours amoureux de Roland Barthes ; et avec des musiciens baroques, une exploration des Fables de La Fontaine : Les Fabuleuses Musiques.


Retours de spectateurs sur L’Étoile :

"La mise en scène de Renaud Boutin est remarquable : s’inspirant de l’art nouveau, il parvient à livrer aux spectateurs une vision nuancée et subtile de l’œuvre.

Derrière le fou rire des personnages outrés, affublés des oripeaux chatoyants des personnages de bouffe se cache un univers nocturne et onirique, incarné par le personnage de Lazuli. L’opéra, certes, est comique,mais le tragique est dévié sans cesse de justesse, emporté par la logique démesurément gaie de l’œuvre. Il est à noter que de véritables trouvailles scéniques donnent vie à L’Étoile : c’est par exemple les personnages du chœur, portant tous le masque d’une horloge quand le roi compte les heures qui lui restent à vivre. Est-ce la vision cauchemardesque d’un roi ubuesque ne percevant plus ses sujets que comme des êtres réifiés, portant sur leur visage leur condition fatale ?

La tragédie, toutefois, est tenue à distance par la scénographie festive et la tonalité légère du livret.

Le Groupe Lyrique, magistralement dirigé par Laurent Zaïk, est constitué de chanteurs amateurs faisant triompher le simple plaisir de chanter, et relève le défi de l’interprétation d’une œuvre trop peu souvent entendue, malgré une richesse dramatique et philosophique certaine."

Par Anna Camus (Toutelaculture.com )

"Bravo pour ce spectacle très réussi. Un bain de fraîcheur et de rêve. On en a tant besoin pour oublier, le temps d'une soirée, le tumulte du monde contemporain. Je peux d'autant mieux en juger que j'avais vu il y a quelques années la production de la salle Favart, j'étais donc en pays de connaissance. Votre Étoile est une magnifique réussite. " J.-P. R.

"Bravo pour cette Étoile magnifique, œuvre exigeante, tant pour les chanteurs que pour les instrumentistes. Superbe performance ! Un grand coup de chapeau pour les chœurs, d’une précision et d’une diction remarquable (c'est si rare...!)". P. P.

"L’Étoile et la musique de Chabrier fut une véritable découverte. Quel extraordinaire compositeur ! Nous allons vite nous hâter d'explorer son œuvre. Bravo pour votre très beau spectacle. L’orchestre Bernard Thomas était impressionnant (remarquable direction de votre chef), la mise en scène, les décors, costumes et lumières d’une poésie très touchante, des scènes comiques et inquiétantes entre-mêlées… Nous avons passé une très belle soirée. Bravo encore pour le choix de cet opéra-bouffe qui mérite d'être connu. " A. B.